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  • : Les Humeurs de Svetambre
  • : Je n'aime pas les étiquettes, les catégories, les petites cases... je m'y sens à l'étroit. J'ai l'intention de parler de bien des choses, ici ! De mes livres ou de ceux que j'ai lus, de mon travail ou de ma famille, de ce qui me fait hurler et de ce qui me fait jouir de la vie...
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  • Lucie Chenu
  • Je suis un être humain, Yeah ! et comme tout être humain, je possède trop de facettes, trop d'identités, pour les définir en moins de 250 caractères. Vous devez donc lire mes articles !
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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 16:08

 

Depuis mon adolescence, Cabaret, le film de Bob Fosse avec Liza Minelli, Michael York, Helmut Griem et Joel Grey, est l'un de mes films cultes. Aussi, apprenant que le spectacle musical passait à Toulouse, mon cher et tendre décida-t-il de m'offrir deux places. Comme je suis bonne, je l'ai emmené avec moi.


C'était risqué, tout de même. Si je n'ai vu le film que quelques nombreuses fois, j'ai très souvent écouté le disque – que j'ai en 33 tours, et en CD. Je connais les chansons par cœur, dans leur version originale, faite d'anglais mâtiné d'allemand et parsemé de quelques mots de français. Je les connais, surtout, par les voix de Liza Minelli, de Joel Grey et des autres acteurs-chanteurs du film. Et je connais l'histoire racontée dans le film de Bob Fosse, qui n'est pas – pas exactement – celle de I am a camera, la pièce que John van Druten a écrite (en 1951) d'après Sally Bowles, un récit que Christopher Isherwood avait publié en 1937, et que Harold Prince fut le premier à adapter en musical, en 1966, avec une musique de John Kander, des paroles de Fred Ebb et un livret de Joe Masteroff. Bref, je connaissais sans connaître. Je connaissais une autre version qui pouvait, dans ma tête, faire de l'ombre au spectacle.

 

Et c'est un peu ce qui s'est passé, pendant la première partie. J'ai eu du mal à m'adapter aux divergences entre les histoires, et entre les personnages. À la traduction de certaines chansons, aussi. Quelques-uns des personnages du film auxquels j'étais attachée n'existent pas dans la pièce où d'autres les remplacent (enfin, chronologiquement, c'est l'inverse). En fait, il n'y a guère que Sally Bowles et Emcee, le Maître de Cérémonie, qui existent dans les deux versions (et les filles du Kit Kat Klub, bien sûr), et encore sont-ils passablement différents. Du coup, par moments, j'étais un peu perdue. Je cherchais mes repères.

 

http://www.stage-entertainment.fr/views/images/couple-chaise-cabaret.png


Mais la plupart du temps, je jouissais du spectacle sans me poser de questions ! La main au-dessus des yeux pour éviter que le spot bleu pétant ne m'éblouisse (heureusement, de temps à autre, il était éteint), un grand sourire aux lèvres et me retenant de chanter en chœur – et en anglais ! – les chansons que je connaissais, c'est-à-dire la plupart. Et en admiration devant le décor à deux étages – l'orchestre est placé en haut, dans une mezzanine, et deux escaliers en colimaçon permettent aux acteurs-chanteurs-musiciens-danseurs de monter et descendre, tandis qu'en bas, trois portes côte à côte laissent passer les comédiens. Les jeux d'éclairage variés – des spots et des poursuites, mais aussi des ampoules entourant un cadre, l'enseigne du Kit Kat Klub – font vivre cet espace de façon magistrale. Entre deux scènes (l'une se passant au club et l'autre à la pension de famille ou l'inverse), le noir se fait, brièvement et en douceur, et lorsque la lumière revient, différente, les acteurs ont eux-mêmes déplacé les rares tables ou chaises qui plantent le décor. Aucun heurt.

 

L'entracte est arrivé brusquement (je n'avais pas envie qu'il y ait un entracte), après une chanson qui dans le film est chantée par un adolescent à la voix d'ange et au costume de nazi, puis progressivement reprise en chœur par la foule, dans la rue. La version du spectacle est très différente, c'était assez désarçonnant. Et lorsque mon cher et tendre m'a posé la question fatidique, « alors, tu en penses quoi? », je n'ai pu m'empêcher de lui dire que je trouvais que la montée du nazisme était peu marquée, malgré cette dernière chanson – et la révélation qu'un personnage « sympathique » porte un brassard à la croix gammée. Que n'avais-je pas dit là!

 

Après l'entracte, le spectacle a repris d'une façon magistrale. Originale. Parfaite pour nous remettre dans le bain. Le MC a tout d'abord invité une dame à danser ; puis un monsieur qui a eu droit à des plaisanteries paillardes – ben oui, quoi, c'est Cabaret, tout de même ! – avant de laisser jouer l'orchestre qui nous a carrément gratifiés d'un mini-concert. Et après cela vient l'une des scènes les plus émouvantes. Et l'histoire de s'accélérer, et les chansons de m'emporter, et… Et, oui, la montée du nazisme est dépeinte, dans cette version-là, aussi. Et oh, que ça fait mal ! Et mes larmes de couler, et le public d'applaudir à tout rompre, longtemps.

 

Il y a plein de choses dont je n'ai pas parlé ou trop peu. La voix de Claire Pérot* (Sally Bowles) lorsqu'elle chante, mais aussi lorsqu'elle joue, qu'elle parle ; le jeu des comédiens (tous) et l'enthousiasme contagieux des danseurs ; le personnage de Fraülein Schneider qui, allez savoir pourquoi, me rappelait Ruth Fisher dans Six Feet Under ; la musique et la chorégraphie… Un seul bémol  : les costumes, parfois trop beiges, trop couleur chair, pour être visibles de loin. Les noirs sont bien mieux. Mais cela dit, ce manque de contraste est peut-être dû à mes mauvais yeux et à la salle trop grande (le Zénith), car les photographies** (du programme et du site internet) sont splendides.

 

Depuis samedi, les chansons me trottent dans la tête – aidées par le CD du spectacle ;-) J'ai envie de revoir le film, et de découvrir Adieu à Berlin, le recueil d'Isherwood contenant Sally Bowles et d'écouter encore le disque, et celui du film, de comparer, pour le plaisir. Et j'ai envie que le DVD du spectacle soit disponible. Envie de le revoir

 

Vraiment, l'orchestre est magnifique. Les danseurs sont magnifiques. Les acteurs et les chanteurs sont magnifiques.

 

Cabaret est magnifique.

 

*: ou sa doublure ? Comment peut-on savoir si tel ou tel comédien était doublé pour telle ou telle représentation ? Quoi qu'il en soit, je n'ai pas regretté Liza Minelli, ce qui est un exploit !

 

**: si j'enfreins une quelconque loi en postant une photographie, merci de m'en avertir avant de m'envoyer les huissiers. Et merci de me donner le nom du photographe, que je puisse le créditer.

 

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Published by Lucie Chenu - dans Musique - danses - comédies musicales